Le d'rri dzo du vieu ts'vau
C'est juste l'histoire d'un vieux cheval et d'un vieux paysan.
Le d’rri dzo du vieu ts’vau
_ Te cra ti pas qu’y faudro nos en débarassi d’noton vieu ts’vau ?
_ Couèse-te, la feune !
_ Couèse-te, couèse-te ; te trove ran qu’san à dère. Ma t’voua bin qu’o va pu. Y a pas huit dzos, i t’a fallu tote une appiéyée pe târré eune dozaine de raies d’treuffes.
_ Puss’que t’é si maline que san, t’a qua t’en occupé ! Y a l’maquignon qu’vin d’min vés l’Toine. T’a qua li dère de v’ni l’qu’ri. T’li en d’mandra bin s’qu’te vodra….
_ Ma qui te fa don d’min ?
_ D’min dz’va u bos tote la dzornée.
_ T’m’a dè laudédzo qu’t’avo fini !
_ Y m’en reste enco à fagoté……
Le lend’min sa, o s’é renv’ni du bos à la grand né, bié pu tard de s’qu’o solo fare.
_ Te r’vin à des points d’heures. Dz’va t’mète la sope à rétsandre…..Y san vni l’quri l’tantôt……Dz’en é pas tiré bié des sous ………
_ Dz’en vou pouan d’ta sope !….Dz’va m’cutsi !….
Dous tors de rr’lodze pu tard, lu ô viro toudze dans son ié ; pi leuille, al s’éto endremi su sa tsire en brotsan ses tsausses.
Remarques: maline a deux sens: habile, rusée, intelligente et aussi méchante, cruelle; il n'est pas exclu que l'un s'ajoute à l'autre
laudédzo : l'autre jour, il n'y a pas longtemps
tsausses: plutôt que de chaussettes, il s'agit ici de bas de laine
ô solo: du verbe solé, avoir l'habitude
cheval: le cheval de la photo n'a jamais tiré la charrue; il ne sait pas qu'il finira comme le vieux cheval, à l'abattoir. Au fait, avez-vous déjà visité un abattoir? Allez-y. Vous n'en reviendrez pas!!
Le dernier jour du vieux cheval
_Crois-tu qu’il ne faudrait pas se débarrasser de notre vieux cheval ?
_Tais-toi !!
_Tais-toi ! Tais- toi !Tu ne trouves que ça à dire. Mais tu vois bien qu’il est trop vieux. Il y a à peine une semaine, il t’a fallu une demi-journée pour butter une douzaine de rangs de pommes de terre !
_Puisque tu es si habile, tu vas t’en occuper ! Le maquignon vient demain chez Antoine , notre voisin. Dis-lui de venir le chercher. Tu le vendras le prix que tu voudras….
_Mais que fais-tu donc demain ?
_Demain, je vais au bois toute la journée.
_Tu m’a dit , il n’y a pas longtemps que tu avais fini.
_Il me reste encore quelques fagots à faire…..
Le lendemain soir, il est rentré très tard, bien plus tard que d’habitude.
_C’est à cette heure là que tu rentres !!!... Je vais quand même te faire réchauffer la soupe….Ils sont venus le chercher cet après-midi….Je ne l’ai pas vendu très cher…..
_Je n’en veux pas de ta soupe !!!!...Je vais me coucher….
Deux heures plus tard, lui se retournait toujours dans son lit ; et elle, elle s’était endormie sur sa chaise en tricotant une paire de chaussettes.