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Ecrire le patois, une langue comme les autres

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  • Cherche contact avec les patois du sud de la Saône et Loire, du nord-ouest du Rhône et du nord-est de la Loire: Charolais, Brionnais, Haut Maconnais, Haut Beaujolais, Nord-Est Roannais...le pays du tse.... Michel Lapalus Contact : mlapalus@sfr.fr
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Archives
6 mars 2018

La s'vire

 

 

 Une petite histoire arrivée autrefois plus souvent qu'on ne pense. Pas loin de celles des migrants d'aujourdhui... Nous voulons savoir si les commentaires se publient sur notre blog. Pouvez-vous en publier, svp ! (Prenez contact)

 

 

 

 

Dans la s'vire à feumi

 

_ «Sacré ch'tite garce, t'a rempyi la s'vire à feumi davu le r'gain. Te sé don pas qu'le r'gain, yé p'les vatses qu'an des viaus».

Le Guste, en raveune c'man un nid d'grondes, corre, corre vès la s'vire. Ôl a pas corri bié loin; les quate pues de la fortse à feumi se san appeuyi su son beuil tot rond c'man un toniau. Ma, y éto pas le diab-ye que t'no le mangue de la fortse, y éto la p'tiote Dzaneute, la servante du Guste pi d'la Tonia.

_«Si t'approtse du ch'tit qu'é dans la s'vire, dz'te preusse les bôyaus!!»

_«Mâ qui qu'te di là....Un ch'tit dans la s'vire!!!»

Le Guste s'é avanci vé la Dzaneute....Pas louan, la fortse à feumi a les pues agueusies c'man des épeunes d'agacia. Ya bin fallu qu'ôl y crâye quand le poure marmot s'é mis à creuyi!!

_«La Dzaneute, te va me débaréssi de st'empiâtre.... épi nos an pu besouan de ta! Prends ton ch'tit pi passe don voua la Tonia »

La Tonia li bailla dous-tras nippes pe fare des drapiaus, eune vieuille coveurte piéne de pretus, quéques sous. Ma, al volo pas quand main-me passi p'eune cretouse....

_«En partant, te prendra bin la vieuille tseuvre...Al a enco un p'tion de lait...Y poudze toudze t'arrandzi...!!»

La Dzaneute, sans ran dère, al a pri les nippes ,la coveurte,un ch'tit barreu tot bancalou épi la tseuvre...Al a pri quand main-me eune brassie de regain p'y mète son gâ à l'abri de la bise que tiro bié à la mi-mârs. Epi, al é parti su les tsemins, louan,louan....en causant tote soûle...« le Dzosé, ô vou pas tardé à r'veni....ô vou pas tardé à r'veni...». Le Dzosé qu'éto le gâ de la Tonia pi du Guste allo p'tète bin rev'ni dachtot.

Les grous mocheûs du tsatiau avin n'envyi le Dzosé à la guêrre davu bié des autes gâs.

Ma les vouasins en savin meu qu'la Tonia épi qu'le Guste. Y en fini p'y sava...Tot va s'arrandzi...Le Dzosé é pas louan de r'veni...

Ol é bin r'veni le Dzosé, ma entremi quate piantses...!!! Le Guste pi la Tonia an bin tsertsi lontemps la Dzaneute pi son ch'tit gâ. Al a dzamé r'veni, ni leuille, ni le ch'tit.

Le Guste pi la Tonia en causan pu guêre le sâ à la vyie... La s'vire à feumi les réveuille totes les nés...Y an bié du mau pe se rendremi...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans la brouette à fumier

 

_ <<Sacré petite gamine, tu as rempli la brouette à fumier avec du regain(2ème coupe de foin de meilleure qualité et plus souple au toucher). Tu ne sais donc pas que le regain est destiné aux vaches allaitantes!>>.

Auguste, en colère comme dans un nid de frelons court vers la brouette. Il n'a pas couru bien loin. Les quatres pointes de la fourche à fumier se sont appuyées sur son ventre tout rond comme un tonneau. Mais, ce n'était pas le diable qui tenait le manche de la fourche, c'était la petite Jeannette, l'employée d'Auguste et d'Antoinette.

_"Si tu t'approches du petit qui esr dans la brouette, je te perce le ventre!!".

_"Mais que dis-tu là...Un petit dans la brouette!!!"

Auguste s'est avancé vers Jeannette...Pas loin!! Les pointes de la fourche à fumier sont comme les épines de l'acacia. Il a bien fallu qu'il se rende à la raison quand le pauvre mioche s'est mis à crier!!

_"Tu vas me débarasser de cet oiseau...Et en plus, nous n'avons plus besoin de toi!! Charges-toi du môme et passe voir l'Antoinette...!"

L'Antoinette lui donna quelques vieux draps usagés pour des couches,un peu de monnaie et une vieille couverure trouée.

Mais, elle ne voulait pas paraître pour une femme un peu trop prête de son argent...

_ "En partant, tu prendas la vieille chèvre...Elle a encore un peu de lait.. çà peut t'arranger...

 

La Jeannette, sans rien dire, emporte le chargement dans une vieille cariole à deux roues après y avoir mis une fourchée de regain.

Pour protéger le petit môme, biensûr...La chèvre suit...en esséyant de croquer un brin de regain...Le vent du nord souffle comme d'ha bitude avec son ami le froid. Elle s'en va très loin par les chemins. Elle parle toute seule sans trop savoir où elle va...."Joseph, le fils d'Antoinette ne va pas tarder à revenir...ne va pas tarder à revenir...bientôt...bientôt..."

Les messieurs du gouvernement avaient envoyé le garçon à la guerre avec bien d'autres. Mais les voisins en savaient bien plus qu'Antoinette et Gustin.Tout finit par se savoir! Tout va s'arranger! Joseph va revenir bientôt...

Mais Joseph est revenu rapidement dans un cercueuil!!!

Auguste et Antoinette ont cherché bien longtemps Jeanette et son petit garçon. Ils ne sont jamais revenus...Les deux vieux n'en parlent plus guère le soir...La brouette à fumier les réveille toutes les nuits...Ils ont bien du mal à retrouver le sommeil...

Le sommeil de toujours les attend........

 

 

 

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1 juin 2017

Une histoire triste et bien réelle du milieu du 19ème siècle à Meulin

 

Les châtaignes du bois de Marcon .... une histoire écrite par  Albine Novarino, journaliste, écrivaine, et qui a bien voulu m'autoriser à l'écrire en patois charolais-brionnais avec l'accord des journaux: Le Journal de la Sâone et Loire et Le Bien Public.

 

 

                Les châtaignes du bois de Marcon

 

 

Du côté de Matour se déroule une histoire glaçante à bien des égards.En octobre 1884, dans quelles circonstances Jeanne a-t-elle disparu ?

 

 Jeanne Descombes est née à Meulin, situé à huit kilomètres de Matour, non loin de Cluny. Orpheline de mère de bonne heure, elle a été élevée à la dure par une tante. Quand son père s'est remarié, elle a souffert de la cruauté de sa belle-mère. En conflit ouvert et permanent avec son père qui lui prend tout l'argent qu'elle gagne en excerçant de menues besognes, Jeanne a la douleur de perdre son frère Lucien.

 C'était son seul appui sur terre. Depuis qu'elle a dix ans, elle fugue régulièrement du domicile paternel où règne la violence. Les voisins qui la prenne en pitié l'hébergent. Pour autant, Jeanne est loin d'être appréciée. On la juge renfermée, sournoise. Elle a commis plusieurs larçins. Quand on la recueille, on la fait coucher dans le fenil de peur qu'elle ne transmette des maladies à la maisonnée.

 

 Où Jeanne est-elle passée ?

 

 La nuit du 7 au 8 octobre, Jeanne dort dans la grange de ses voisins, les Thomas. A Louise Thomas qui lui donne un quignon de pain, le 8 au matin, Jeanne dit : « Je vais aux châtaignes, je t'en rapporterai ce soir pour tes enfants. » Aprés avoir quitté Louise, Jeanne part effectivement ramasser des châtaignes dans les bois de Marcon. Des enfants qui sont en train d'en remplir leurs petits paniers la rencontrent. Ils la voient partir en compagnie du garde-champêtre, Denis Lachanelle.

 

C'est en bavardant paisiblement, que le couple prend un sentier qui monte en direction d'un bois. On ne reverra plus jamais Jeanne. Louise finira par coucher sa progéniture qui aura vainement attendu son régal de châtaignes rôties dans la cheminée. Pour autant, à Meulin, on ne s'inquiète pas outre mesure de la disparition de Jeanne. Les mauvaises langues lui reprochent de ne pas être venue fleurir la tombe de sa mère à l'occasion des fêtes des morts. On prétend même qu'elle est partie jusqu'à Mâcon, ou même à Lyon où elle vivrait de ses charmes. On a tôt fait de lui coller l'étiquette de gourgandine.

 

 Macabre découverte

 

 Le 7 novembre 1844, des fermiers étendent du fumier pour fertiliser une terre avant les labours, à proximité des bois de Marcon. C'est alors, tout à fait par hasard, que deux enfants qui aident leur aperçoivent une forme étrange qui flotte sur les eaux d'un petit étang situé en contrebas d'un champ.Appelées aussitôt sur les lieux, les autorités ne vont pas tarder à remonter à la surface de l'étang le cadavre d'une femme. On l'identifie rapidement. Il s'agit de Jeanne Descombes.

 

 Qui a tué Jeanne ?

 Les blessures que porte le cadavre, la grosse pierre qui était attachée à son cou afin qu'il soit lesté et ne remonte pas à la surface des eaux rapidement ne laisse planer aucun doute : Jeanne ne s'est pas noyée accidentellement, elle ne s'est pas suicidée non plus, elle a été assassinée.Les soupçons se portent naturellement sur Denis Lachanelle, la dernière personne à avoir été vue en compagnie de la victime.D'autant que le garde-champêtre a la réputation d'être violent, brutal. Veuf, alcoolique, ce manchot terrorise les femmes et il en a déjà poursuivi plusieurs de ses assiduités. Après l'avoir fait tremper dans de l'eau pendant un mois, il a vendu à un fripier le pantalon qu'il portait le jour de la disparition de Jeanne ; il a tenu des propos prouvant qu'il était parfaitement au courant des derniers instants de vie de la jeune victime.

 

Le 8 mars 1845, Denis Lachanelle, qui a été jugé et inculpé du meutre de Jeanne, est conduit Place Saint-Pierre à Macon et guillotiné

 

 

 

Suite...

 

 

 

Le 3 décembre 1845, Antoine Descombes, le père de Jeanne, décède. La plupart des habitants pensent que si Lachanelle a tué Jeanne, il a agi sur l'ordre du père Descombes. Pingre et fainéant ce dernier n'avait nulle intention de restituer à sa fille la part d'héritage qui lui venait de sa mère et de son frère ; or, elle allait atteindre sa majorité.

 C'est avec l'argent que lui avait donné le meunier de Cluny quand il avait envoyé son fils en garnison à Lyon que Descombes avait, selon toute vraisemblance, payé Lachanelle pour tuer sa fille

 

 

 


 

                            Les tsatagnes du bos de Marcon

 

Y é à Meûlin, u borg que La Dzane Descombes é v'ni u monde. Meûlin, vos y savi bin,y é à 8 km de Mato,pas bié louan de Chieuni.Tote soule,sa mêre éto u s'mentire,yé à la deûre qu'al avo grandi vés eune tante. Pi son pêre,ô s'é remaryi davu eune garce de feune que méto pas de la briotse su la traubye pe tot le monde. Le pêre qu'éto toudze aprés leuille, li preno tot les petiéts sous qu'al gagno à dreute pi à gautse. La Dzane,que les malheûrs corrin d'rri leuille,a enco predu son frére le Lulu.

Y avo ranqe lu pe l'adzué.Depeu ses 10 an-nées, al se sauve de vés son pêre que sé ran que cogni su la poure Dzane. Le monde qu'la vayan tos les dzos, li dian de v'ni vés zieus. Ma la Dzane, i l'ain-man pas tant que san. Al cause pas, al rempyi ses potses. Matan qu'i an pou qu'al sa malède, hé bin i la nanvian passé la né dans le f'no.

 

Ô don qu'é passi la Dzane

 

La né du 7 u 8 octobe, la Dzane dreume dans la grandze, vés les Thomas. La Lili Thomas li baille un quignon de pain. La Dzane s'en va és tsatagnes : « Dze va t'en ram-né p'les ch'tits ».La v'là parti dans les bos de Marcon o ya pyin de tsatagnis. Ya dza des mômes que san aprés rempyi leus panis. Yé à stu moment qu'i la vayan parti davu le garde-tsampète, le D'ni Latsaneûle. Yé en causan tos les dous qu'i prenan le senti à travers le bos. La Dzane, nos la varan pu. La Lili attendo un pani de tsatagnes pe fare mandzi ses ch'tits. Ya fallu les cutsi sans tsatagnes. Ma le monde de Meûlin, i se fayan pas grand souci p'la Dzane.Dza qu'al vin pas mète quéques boqués u s'mentire le dzo d'la Tossaint. I se di qu'al è parti tant qu'à Macon o bin tant qu'à Yion ô qu'al faro la gourgandine.

.

Qu'y qui vayan ?

 

Le 7 novembe 1844, i san dous-tras qu'écartan du feumi d'vant de laboré.Ya des ch'tits dza grandis que donnan un cop de main à leû pére. Ma, y en a toudze qu'avisan pretot.Su l'étang, dans le bas,i vayan quéque tsouse de pas ordinaire... Les dzendarmes san vite veni...I trovan eune feune que s'é nayé, pi i an vite vu qu' y éto la Dzane Décombes.

 

Qui qu'y é qu'a tué la Dzane ?

 

La Dzane, si ô l'avo bié arrandzi !! La grousse piarre éto attassi u co, pe qu'al tsome u fond de l'étang. Tot san, y vou dère qu'la Dzane, hè bin ! al s'a pas nayé tote soule !!! Y en a yun que s'en é débarréssi. Asteur , tot les Meûlatis pi le Meûlatires i dian qu'y é le D'ni Latsaneûle. Y éto lu qu'éto davu leuille le drri dzo. Epi y fau dère qu'le garde-tsampète, hé bin y éto eune brute. Ô corre aprés les feunes que veudrin bin s'en débarréssi. Pe trompé son monde, ôl a mis sa cueulote à trempé dans l'éille pendant un mâs, pe la vende u patti. Y éto la cueulote qu'ô porto le dzo qu'i ramassin des tsatagnes. Ôl a fini pe dère qu'ô savo tot d'la Dzane, le dzo qu'al a meûrri.

 

Y é fini....

 

Le 8 mâr 1845, le D'ni Latsaneûle a passi d'vant le dzeudze qu'l a nenvyi à Macon pe li fare copé la tête. Le 3 décembe 1845, le Toine Décombes qu'éto le pêre de la Dzane, a cassi sa pipe.Tot Meûlin savo que si Latsaneûle,ôl a tué la Dzane, y é à la demande du pêre Décombes. Faignant c'man eune arse, ôl avo pas envie de rende sa part à sa feuye qu'allo vés sa majorité. Tot san, p'y laissi à sa mêre, pi à son frêre. Y é davu les sous que lu avo donné le mouni de Chieûni qu'ôl avo pu fare rempiéci son gâs à l'armée du couté deYion . Le Décombes avo du pâyi le Latsaneûle pe se débaréssi de sa feuye...La Dzane...Poure Dzane...

25 avril 2016

Un dzo de martsi

 

Un dzo de martsi

 

La feune, al a sorti du yé à la pique du dzo. Al a corri vés ses tras tseuves qu'étin enfremé u bot de l'écueurie de vatses. Tiri ses tseuves, mélandzi le lait davu stu-là d'la veûille, vressi dous cueullire de préseure dans la seuille pe fare cailli le lait. S'n homme va bin tiri les vatses, pi p'tète mète à mandzi és polailles, épi és lapins si ôl é bié torné!

Ran qu'un p'tiét café o bin un bol de sope pi eune routie de beûrre.. I va falla enrailli!

Quéques lives de beûrre dans un pani, épi dous-tras dozain-nes de fromadzes dans un aute. Un pani à tsaque brés, pi la v'la parti pe tote la dzornée... Des cops tote soule, des cops davu eune vasine …

Al monte tant qu'és quate tsemins...Al passe sû le piâtre...Al dévale le grapion...Al traverse la r'vire sû le pont de bos...Al prend le ts'min de l'aute coûté de la r'vire... Un ts'min que monte, que monte...Ma, la v'là arrivé à la ceume...Al a pu qu'à descende u borg: y é là qu'é la pièce du martsi.

Al a pas mi bié du temps à vende ses fromadzes épi ses lives de beûrre. V'là les biaus dzos épi les coquatis an grand b'zouin de rempyi leus ch'tites carioles à ts'vau.

Al a bié bavassi davu ses cosines épi davu des autes feunes qu'étin v'ni vende des lapins, des cabris, épi quéques pols de l'an passé.

Y a midi que soûne!! Ma, y en a toudze yeune pe d'mandé des noveules d'la parenté, de sava si le gâs d'la Guiguite o bin la feuye du Dzosé van dach'tôt se maryi, si va pieuve dans tras dzos, si...si...

La v'la r'parti. Les panis san quasiman vides. Ran que dous satsis de café, un kilo de seucre pi un kilo de sau pe salé la sope. Y é temps de prende la corsire p'allé mandzi vés sa mére qu'é pu tote dzoune. Bié des cops y é sa feuye que randze un p'tion la maison o bin que l'adzue dans son dzardin.

Ma les heûres passan vite. Le solé é cutsi. Y é quasiman à la né qu'al arrive vés leuille...

Y é enco pas fini. S'n homme a pâs pu tiri la Miguette que fou des cops de pis. Y é c'man tos les sâs: les tseuves, les polailles, les fromadzes...Reste pu que la sope à r'méte su le fu...La sope, nos la fa pe tras-quate dzos...Pu nos la rétsand, pu al é bon-ne!!!

Une journée de marché

 

La femme a sorti du lit dès l'aube. Elle a couru vers ses trois chèvres enfermées au bout de l'écurie de vaches.Traire ses chèvres, mélanger le lait du matin avec celui de la veille, verser deux cuillèrs de présure dans le seau afin de cailler le lait. Son mari va s'occuper de traire les vaches et peut-être des poules, des lapins s'il est de bonne humeur !

Une tasse de café ou un bol de soupe et une tartine de beurre...Il va falloir partir !

Quelques livres de beurre dans un panier et deux ou trois douzaines de fromages dans un autre. Un panier à chaque bras et la voilà parti pour toute la journée...Parfois toute seule, parfois avec une voisine...

Elle monte jusqu'au croisement des chemins...Elle passe par l'ancienne place du champ de foire...Elle dévale la pente...Elle traverse la rivière sur le pont de bois...Elle prend le chemin de l'autre côté de la rivière...Un chemin qui monte, qui monte...Enfin la voilà arrivée au sommet...Elle n'a plus qu'à descendreau bourg : c'est là que se trouve la place du marché.

Elle n'a pas mis longtemps à vendre ses fromages et ses livres de beurre. Voilà le printemps et les coquetiers sont acheteurs et pressés remplir leurs voitures à cheval.

Elle a bien bavardé avec ses cousines et avec d'autres femmes qui étaient venues vendre des lapins, des cabris et quelques poulets de l'année dernière.

Midi sonne!!Mais, il y en a toujours une pour demander des nouvelles de la famille, pour savoir si la Guiguite (Marguerite) ou bien le fils de Dzosé (Joseph) vont bientôt se marier, pour dire s'il va pleuvoir dans trois jours,si...si...

La voilà repartie. Les paniers sont presque vides, juste deux sacs de café, un kg de de sucre et un kg de sel pour saler la soupe.Il est temps de prendre le racoursi pour aller manger chez sa vieille mère. Souvent, sa fille lui remet en ordre sa maison et l'aide un peu au jardin.

Mais le temps passe vite. Le soleil est couché. Il fait presque nuit quand elle arrive chez elle...

Le travail n'est pas terminé. Son mari n'a pu traire la Miguette qui donne des coups de pieds. C'est comme tous les soirs: les chèvres, les poules, les fromages... Il n'y a plus qu'à réchauffer la soupe qu'on fait seulement tous les trois ou quatre jours...Plus on la réchauffe, la soupe, plus elle est bonne... !!

Vos savi ti trempé la sope ?

Savez-vous tremper la soupe ?

23 mars 2016

Que veulent dire les lieux-dits ?

 

 

Commentaire de Mario Rossi, auteur du livre " Les noms de lieux du Brionnais-Charolais" (voir la catégorie  en savoir plus) sur les lieux-dits de la commune de Trambly (71). Mario Rossi nous précise que les lieux-dits sont " les témoins du peuplement et du paysage". Il n'y a qu'eux pour dire l'histoire des paysans. (Ce commentaire a déjà été publié dans le blog du patois charolais-brionnais).



La Belouze : pour le blog, il s’agit d’un terrain fertile ; cette explication est possible étant donné l’origine gauloise du mot : bel = clair. Mais les choses sont plus complexes en Charolais, et ailleurs, voir ce que j’en dis dans mon livre sous Beluse.

La Combe Louire : il s’agit très vraisemblablement de la Combe aux loutres. A Avrilly  on rencontre Les Louires; il s’agit d’une variante de l’ancienne forme du XII° siècle loirre, dérivée elle-même de lorre qui désignait la loutre et a abouti à leurre en Charolais-Brionnais.

La Tête à l’Âne : Les toponymes ne sont pas forcément tous des formes complètement patoises, tout dépend de l’époque de leur création. Ici la construction du complément de nom La tête à l’Ane est bien la forme patoise et équivaut à La tête de l’âne en français ; mais le vocabulaire usité dans cette comparaison est de toute évidence emprunté au français. Étant donnée la configuration de ce sommet, on a très bien pu le comparer à une tête d’âne. On rencontre une métaphore équivalente à Saint Bonnet de Joux dans le toponyme Le Dos de l’Âne.

Le Crot au Loup : le blog précise que ce Crot au Loup se situe en haut d’une colline ; mais le Crot et sa variante Crou, ne peuvent en aucun cas désigner une hauteur : ce mot d’origine gauloise (croso = creux) désigne soit un vallon relativement encaissé, c’est-à-dire une faille géologique, soit un creux, soit une mare ; seul l’examen des lieux permettrait de choisir. Ce Crot au loup serait alors un creux, une faille ou une mare fréquentée par le loup.

Toutefois on peut établir ici un parallélisme avec Fontloup à Châtenay : Fontloup est une fontaine qui se situe sur une hauteur : loup est ici dérivé de lob, nom préceltique de la montagne que l’on retrouve dans les Alpes (Pra Loup, Les Gorges du Loup, Le Pas du Loup, Le Vallon du Loup, etc.) et en Languedoc-Roussillon (le Pic Saint Loup) ; par étymologie populaire, le nom a été confondu avec celui du loup. Le Crot au Loup, c’est-à-dire le Crot du Loup serait donc le Crot de la montagne, autrement dit le Crot d’en Haut.

 

Les Liennes, Es Yeunes : Effectivement ce nom semble bien désigner un terrain défriché, puisqu’on y cultivait des céréales dont il reste le nom des gerbes : Yeunes, nous sommes là Es Yeunes, c’est-à-dire sur ou dans les Yeunes.La yeune est dérivée d’un verbe qui signifie glaner : à l’origine la yeune était donc la gerbe dont on avait glané les épis.

La Vareille, En Vèr-ye : Ce toponyme rappelle celui du Brionnais Vareilles qui dérive du diminutif latin vallicula, la petite vallée ; ce toponyme est fréquent sous les formes Valeille (Loire), Valeilles (Tarn et Garonne), Vareilles (Yonne), Vareille (Ain) et Vareille au XVIII° à Anzy Le Duc. La forme Vèrye s’explique très bien à partir d’un dérivé de vallicula accentué sur la première syllabe : -ye est simplement la réduction de eilles ; Vèr, pour Var est dû à l’influence de y.

Le Ravlin : Est plutôt le petit champ de raves ; le ravin n’est pas un mot du patois, me semble-t-il ; le mot patois pour le ravin n’est-il pas garodin ?

Tsan Fransin : Fransin est dérivé de Franc, l’homme libre ; de Franc est dérivé la franchise, terme de droit médiéval : la franchise est une exemption de droits dont le maître fait bénéficier ceux qui lui sont soumis ; le Champ Fransin serait donc un champ exempté des droits du souverain. Fransin est donc une variante de Franc que l’on rencontre dans les Bois Francs, fréquent dans les lieux-dits..

Les Bos vreus : Les Bos Vreux ou Bois Verts pourraient être l’équivalent de Bois Jeunes ; il désignerait des Bois implantés lors de la dernière période de reboisement intensif aux alentours de 1850. Après le reboisement intensif ordonné par Colbert au XVII° siècle, les forêts sont abandonnées, après la Révolution, par leurs nouveaux propriétaires, les acquéreurs de biens nationaux ; elles sont également épuisées à l’époque de Napoléon pour la construction d’une flotte importante ; on ne voit plus partout que de Chétifs Bois.

Le reboisement intensif du XIX° siècle aboutit à l’implantation de forêts essentiellement constituées de conifères qui, toujours verts été comme hiver, peuvent également justifier le toponyme Bos Vreus.

En Germain : Germain est vraisemblablement le nom d’une famille qui fut propriétaire des lieux.

Les Races, Les Rasses : la rasse est une corbeille allongée à fond rond ; il s’agit là vraisemblablement d’une métaphore qui décrit la forme des champs que ce toponyme désigne.

Champ Pellerot, Tsan Peulrot : Effectivement un peleux est un champ en friche et à Baudemont, Le Pelon désigne un mamelon dénudé. Peulrot pourrait être un dérivé de Peleux.

Mais on ne peut écarter l’hypothèse d’un patronyme : les Pellerot sont nombreux dans la Sarthe et dans d’autres départements : s’agirait-il ici du nom d’une famille venue de l’extérieur ?

Le Butin, l’Beutin : Dans le patois de Matour, le Beutin désigne une grande quantité. Ce toponyme ici pourrait alors désigner soit un champ très étendu, soit un champ très fertile

13 février 2016

Le patois de Charlieu 42 Le curé de Saint-Chose

 

Le patois de Charlieu,tout près du Brionnais, fait partie de cette petite région (pour faire simple entre Charolles et Roanne) où l'on parlait le "francoprovençal francisé". Entre le nord et le sud, on y passe (on y passait?) progressivement comme dans toutes les régions frontières à une autre langue, à une autre culture, à d'autres techniques : exemple des " tuiles creuses" ou tuiles canal sur toits à faible pente et tuiles plates sur toits à forte pente.

Pour revenir au patois de Charlieu, voici une petite histoire proposé par  "Patois Vivant"   : Le curé de Saint-Chose

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31 janvier 2016

Ils étaient deux : le patois et le français

 

Le patois n’est pas une langue,ce n'est que du français déformé, écorché..... Une phrase inexacte qui à force d’être répétée a fini par entrer dans les têtes, encouragée par l’école et la société. “Il faut extirper le patois” disait l’abbé Grégoire à la Convention (1794) et un siècle plus tard, Jules Ferry ne faisait guère mieux en imposant le français à des paysans et artisans supposés ignares. Tout çà, avec les meilleures intentions du monde ! Le premier combattait l’esclavage des noirs et pensait qu’il fallait libérer les patoisants (sous entendu esclaves de leur patois ). Le second voulait lui aussi des cerveaux débarrassés des patois pour mieux accéder à toutes les connaissances. (sous entendu, ils étaient ignorants de tout).

Apprendre le français aurait pu se faire d’une autre manière. Enseigner les grammaires des patois et du français, chercher ressemblances et différences, un vrai partage des savoirs aurait été possible.C'était sans doute trop demander à un état très centralisé. Le tracteur et la télé ont achevé notre patois. Ce n'est pas de leur faute ; tracteur, télé et patois auraient pu faire bon ménage. Actuellement, il semble qu'internet n'interdit pas le patois.....Profitons-en ! Ne riez pas, la France n'a pas encore ratifié la Charte Européenne des langues régionales.

Pendant deux ou trois générations, nos arrière-grands-parents sont donc devenus bilingues. Le patois à la maison et au village, le français à l’extérieur. Une situation qui aurait pu durer, un peu comme pour le breton, l’alsacien, le basque, l’occitan, le corse.... Dans ces régions, grâce sans doute à une identité culturelle plus forte, on s’est soucié de l’écriture beaucoup plus tôt. Mais dans le sud de la Saône et Loire et des alentours , les écrits du patois sont rares. Raison de plus pour tenter d'écrire notre patois, seule manière d'assurer sa sauvegarde.

Comme le français, il vient en grande partie du latin, mais avec des influences gauloise, burgonde et franque.

Pour en savoir beaucoup plus :

Le dictionnaire étymologique des parlers brionnais de Mario Rossi

Les noms de lieux du Brionnais-Charolais de Mario Rossi

Les patois de la Saône et Loire de Gérard Taverdet

Le dictionnaire historique du Charolais-Brionnais de Norbert Guinot

 

Prequa don qu’la langue de dans le temps, al s’ro pas eune vraie langue ?

Pourquoi la langue d'hier ne serait-elle pas une vraie langue ?

26 janvier 2016

Le patois de Matour 71

 

 

Quand la classe 1968 de Mato s’en va u "Paradis"

 

 

 

Ah! Y étin contents de s’embréssi et pi de pitaudzi de piaisi d’se retrouver ensins peu casser eune croûte à la ferme auberdze du "Paradis" qu’é à Mazille. C,’men san, y auran biau z’u faire des bêtises tant qu’a s’teure, y seran teus allés u "Paradis"!

Bien entendu, hommes et feunes, y i’étot to!Ysont enco bien frais p’leu 55 ans et pi y’avin la forme, qui sé la Michelle de Lyon, laRenée , l’instit des ch’tits gamins de Mato, la Lison de Champforgueil, la Lucette de Tréco, la D’nise de Tramayes, la Georgette du Grand Meulin, la Christiane de Tsibrelire, la Michèle de vé les Beus, le Rémi de Dzanforni, l’Eveline de Macon, le Bernard de Genouilly qu’y’avo lontemps qu’y’avin pas vu, la Marie-Thérèse qu’éto y’amou en Argaud.

Ah! Y fayo eune sacrée équipe peu mindzi du polé et pi d’la pintade u vin rodze! Ah! vous poyi èt sûr qu’y’s’y’an trouvé bon, y’ s’an r’leutsi les babouines!

Y’en a qu’ en tsanté un p’tion et pi des autes qu’en z’u l’idée de parler d’la "Borrique nère" du Tsarollais! Ah! vous savi, y’éto pas triste les amis! Les autres en fait un ch’tit tor dans le bor de Mazille, mais y s’y’avo pas grand monde! Y’an même pas trouvé un de s’té vieux moines de Chieuny qu’aureu rôdé dans le coin.

En tout cas, y’en passé eune bonne dzornée u Paradis. Y parait même, qu’y’en a qu’aurain voulu y tsomer to le temps en attendant d’y’aller peu de bon! Ah! St’é Matorins y’en an dans la tête, vous pouyi m’crar! Allons, à s’té dzeus!

Origine du texte Matour ; orthographe de l’auteur. Merci à Michel Lapalus (hélas, décédé depuis quelques années) d'avoir écrit cette petite histoire en patois. Texte refusé par le journal de Saône et Loire parce qu’il n’était pas en français.

 

 

Quand la classe 1968 de Matour s'en va au "Paradis"

 

Ah! Ils étaient contents de s'embrasser et de piétiner de plaisir en se retrouvant ensemble pour

casser une croûte à la ferme auberge du " Paradis" à Mazille. Comme çà, ils auraient bien pu faire des tas de bêtises jusqu'à présent, au moins, ils seraient déjà tous allés au paradis.

Bien entendu, hommes et femmes, tout le monde était là. Ils sont encore bien frais malgré leur 55 ans. Ils tiennent la forme, que ce soit la Michelle de Lyon, la Renée, l'institutrice des petits gamins de Matour, la Lison de Champforgeuil, la Lucette de Trécourt, la Denise de Tramayes; la Georgette du Grand Moulin, la Christiane de Tsibrelire (chez Berlière?), la Michèle des Bots, le Rémi de Jeanfournil, l'Eveline deMacon, le Bernard de Genouilly qu'on n'avait pas vu depuis lontemps, la Marie-Thérèse qui habitait là-haut en Argaud.

Ah! Cela faisait une sacrée équipe pour manger du poulet et de la pintade au vin rouge!Ah! Vous pouvez être sûr qu'ils ont trouvé tout çà très bon. Ils s'en pourlèchent encore les lèvres!

Certains ont un peu chanté et d'autres ont eu l'idée de parler de la «Borrique nère» du Charolais! Ah! Vous savez, ce n'était pas triste les amis! Les autres ont fait un petit tour dans le bourg de Mazille, mais il n'y avait pas grand monde. Ils n'ont même pas trouvé un de ces vieux moines de Cluny qui aurait rodé dans le coin.

En tout cas, ils ont passé une bonne journée au «Paradis». Il paraît même que certains auraient voulu y rester tout le temps, en attendant d'y aller pour de bon.Ah! Ces Matourins, ils en ont dans la tête, vous pouvez me croire! Allons, à bientôt! (traduction du blog)

 

 

 

 

16 janvier 2016

Le patois de Coublanc 71 Les treufes

 

Le patois de Coublanc 71 Les Treufes

 

Coublanc (Cobian en patois) est la commune de Saône et Loire située la plus au sud, tout près du Rhône(69) et de la Loire(42).Les habitants sont les Coublandis(es?), en patois Cobiandis.

Coublanc voudrait dire confluent; à rapprocher de Coblence ( Allemagne ).....d'après Gérard Taverdet – Les noms de lieux de Bourgogne

 

Pour lire le lexique et les textes: http://www.coublanc-71.com/#ouverture.html

Sur le site, dans histoire locale, vous trouverez des extraits des registres paroissiaux où l'on raconte la vie des paysans des années 1700.

 

 

Claude Chevreton

Recueil de textes en patois

 

 

Bon appétit, messieurs!

La tante Louloute

Les clotses se sont couizieu

Les fêtadieu

Eune Taussaint u s’mintire

Le petiau Barau

Les treufes

Les Vêpres de Coublin

 

 

Mots et expressions du Patois de “Tchesny” (Chez nous)

 

Ces mots et expressions sont ceux du Brionnais et du Haut Maconnais. Ils font partie de cette petite région entre Charolles et Roanne que les linguistes appellent le pays du «francoprovençal francisé».

 

Pour vous inviter à lire le patois des Cobiandis, voici LES TREUFES

 

LES TREUFES

 

Y’a quèque tin, y’étau au mois d’août, dze tirau mes treufes, elles sont précoces astoure. Dze me rapélau, quand dzétau gaman, nau rintrau in classe le premier octobre, mon père se dépétsau à tirieu ses treufes pè que les gamans les ramassont avant de r’mauder. Et din le maumin i sin plintau nipounitrau de c’tes treufes, de grands épa-yants. I sin tsara-yau de grands plans baraus et même de maumin à la seume y’in navau encore eune duquatre bodzes, si y’étau pas trau pangaulan.

Pè les mettre à lâvré, peu qu’elles ne dzelin pas, i s’atcheulau tau ta la cave. À stutché quin nérau la pu grousse tâpire.

Din les tares i fâlau bruler laus tseués, les arbes, bien sauvin y’étau pas sec et partau nau va-yau feumer c’taus sâtseurons, i feumau bon djui… i sintau… i sintau… le sâtseuron. Dze trouve qui sintau bon. Les treufes se fazin couire à grands plan-nes tsadières, pè les poula-yes, laus cautsons. Eune brave feune, que fazau pas la culture, que sintau couire c’tes treufes, et Dieu sait si i sintau bon, dizau : “ Si i zont de chance, c’tau monde ! ”.

Hé voui… nau zé heureux din nauté campagne… nau pou mindzieu de treufes couites à la tsadière… et sintre la feumire des sâtseurons…

 

Il y a quelque temps, c’était au mois d’août, je ramassais mes pommes de terre, elles sont précoces maintenant. Je me rappelais quand j’étais gamin, on rentrait en classe le premier octobre, mon père se dépêchait de tirer ses pommes de terre pour que les gamins les ramassent avant de rentrer. Et dans le temps il s’en plantait de grandes quantités. Il s’en transportait de grands pleins baraus et même parfois sur le tas il y en avait encore quelques sacs, si c’était pas trop en pente.

Pour les mettre à l’abri, pour qu’elles ne gèlent pas, on basculait tout à la cave. A celui qui en aurait le plus gros tas.

Dans les terres il fallait brûler les fânes, les herbes, bien souvent ce n’était pas sec et partout on voyait fumer ces tas, ça fumait bon dieu… ça sentait… ça sentait…. Je trouve que ça sentait bon. Les pommes de terre se faisaient cuire à grandes peines chaudières, pour les poulailles, les cochons. Une brave femme, qui n’en cultivait pas, sentant cuire ces pommes de terre, et Dieu sait si ça sentait bon, disait : « S’ils ont de la chance, ceux-là ! »

Hé oui… On était heureux dans notre campagne… on pouvait manger des treufes cuites à la chaudière… et sentir la fumée des tas d’herbe…

 

 

 

7 janvier 2016

"Les paysans inventeurs de leur parler" Mario Rossi

 

"Les paysans inventeurs de leur parler" Mario Rossi

 

Le patois, c’est la langue d’hier. Parlé jusque vers les années 50, il a complètement disparu chez les nouvelles générations ? Combattu par tous les pouvoirs qui n’ont pas compris ou pas voulu comprendre que le patois était une langue comme les autres ; abandonné par nécessité au moment de la migration agricole et rurale ; jamais écrit, sauf exception, le patois ne pouvait que disparaître peu à peu dans l’indifférence.

Mario Rossi, l’auteur des « Parlers brionnais » nous dit pourquoi le patois est une langue comme les autres dans l’introduction de sa conférence donnée à Gibles (Dzib·ye) en juin 2006 «  Les paysans inventeurs de leur parler »

 

«  Le terme patois remonte au XIIIème siècle et désignait un langage pauvre et grossier parlé par des populations incultes Encore aux alentours de 1800 on critiquait les spécialistes du folklore car ils étudiaient des patois « indignes d’attention et encore moins de respect » Ce terme est méprisant ; j’éviterai donc de l’utiliser, malgré son emploi fréquent aujourd’hui, sans intention péjorative bien sûr. Ce patois est un dialecte ou la variante d’un dialecte.Je parlerai donc du dialecte ou du parler d’une région particulière ; il se distingue par là du dialecte dominant qui est devenu la langue nationale. Mais ce n’est vraiment qu’après le XIVème siècle que le francien, dialecte de l’Ile de France, est devenu notre langue nationale.

Imaginez un instant que Lyon fût devenue la capitale de la France, ce qui a bien failli se produire, puisque Lyon était la capitale de la Gaule, capitale où est né Claude , le grand empereur romain. Eh bien La langue française eût été, non pas le francien, mais le lyonnais qui n’est maintenant qu’un « patois » franco-provençal Et nous aurions une langue française très proche de nos parlers du Brionnais, surtout ceux du Brionnais de l’est qui, vous le savez ont été très influencés par les dialectes franco-provençaux du Lyonnais.

Il n’y a pas de dialectes inférieurs et supérieurs, la notion de « patois », dans le sens de parler grossier et rustique, doit être absolument proscrite. Il n’y a pas de langue pauvre et de langue riche. Tout dialecte comme notre langue, possède une grammaire, un vocabulaire, et une phonétique qui rend compte de sa prononciation. Par conséquent tout dialecte, comme toute langue, possède, pour fonctionner, des règles précises, des règles strictes, comme celles qu’on apprend à l’école, que ceux qui parlent le dialecte n’ont pas apprises à l’école, mais qui sont emmagasinées dans le cerveau, par l’apprentissage, dès les premiers mois après la naissance, des règles qu’ils connaissent parfaitement et utilisent de façon inconsciente.

Le dialecte n’est donc pas du français écorché, comme on le croit trop souvent ; c’est une langue à part entière avec ses règles. »

 

La disparition complète du patois n’est pas inéluctable. Il suffit que quelques personnes cherchent à l’écrire pour en sauvegarder une grande partie. 

4 décembre 2015

Le dieu Carbone

L'Avenir à venir ?



   Le diou Carbone                         Le dieu Carbone





Le tsarbon nâ, y é ma

Le charbon noir, c'est moi

L’eûille de piârre, y é ma

Le pétrole, c'est moi

Le gaz de târre, y é ma

Le gaz de schiste, c'est moi

Y é ma, y é ma... yé ma, y é ma

C'est moi, c'est moi....c'est moi, c'est moi

 

 

Le pouêle que rétsand, y é ma

Le poêle qui réchauffe, c'est moi

La vouateûre que corre, y é ma

La voiture qui roule, c'est moi

L’avion que s’envoule, y é ma

L'avion qui s'envole, c'est moi

Y é ma, y é ma...y é ma, y é ma

C'est moi, c'est moi....c'est moi, c'est moi

 

 

Le tsaud que vin, y é ma

La chaleur qui arrive, c'est moi

La yèsse que fond, y é ma

La glace qui fond, c'est moi

L'éille que monte, y é ma

La mer qui monte, c'est moi

Y é ma, y é ma...y é ma, y é ma

C'est moi, c'est moi....c'est moi, c'est moi

 

 

Les bonnes târres volées, y é ma

Les terres fertiles volées, c'est moi

Les bos essartés, y é ma

Les forêts défrichées, c'est moi

La guèrre vés tsi zieux, y é ma

La guerre chez eux, c'est moi

Y é ma, y é ma...y é ma, y é ma

C'est moi, c'est moi....c'est moi, c'est moi

 

 

Sos la târre, à l’eûvri

Sous la terre, à l'abri

Fallo pas v’ni me qu’ri

Il ne fallait pas venir me chercher

Sos la târre, à l’eûvri

Sous la terre, à l'abri 

Fallo m'laissi dreûmi

Il fallait me laisser dormir

 

 

Tot pretôt, dze su là

Partout, je suis là

Le diou carbone, y é ma

Le dieu carbone, c'est moi

Le diou carbone, y é ta, y é ta

Le dieu carbone...c'est toi, c'est toi

Y é ma, y é ta...y é ma, y é ta

C'est moi, c'est toi...c'est moi, c'est toi

 

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