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Ecrire le patois, une langue comme les autres
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  • Cherche contact avec les patois du sud de la Saône et Loire, du nord-ouest du Rhône et du nord-est de la Loire: Charolais, Brionnais, Haut Maconnais, Haut Beaujolais, Nord-Est Roannais...le pays du tse.... Michel Lapalus Contact : mlapalus@sfr.fr
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17 février 2011

Le patois de Saint Clément de Vers (69) canton de Monsols

 

 

 Une histoire du Haut Beaujolais, canton de Monsols : la batteuse à Saint Clément de Vers- San Cieumin (envoi de Jean-Pierre Ducroux Saint Christophe la Montagne- San Cretoul )

 

 

              La battouze

 

 

 C’t’an-née, y s’é battu à la machine à San Cieumin. Y s’éto pos fé depi lontin é pressonne n’éro pinsé y r’vé. Les dzones d’adzordi n’savan pos ce qu’y éto. eine tsaudire que fa-yô martsi eune battouze… y éto tieque tsouze…Bié seur, y éto pan-nib-ye…mé à la fan d’la dzornée, tienqu’le gran éto u greni, tôt l’monde éto bié contin.

 Y c’mminço avan l’dzeu. Y é qu’y fallo tsauffé la tsaudire de bonne houre. D’vant d’appiéyé nos c’mmençô pe mandzi un pou, d’lô avi de pan é de fromadze api pe les déquenios, y avô de confiteure. Tôt de suite apré, y seubiô –y a des cops qu’y éto à pan-ne dzo- pi la batteuse ronflô. Le coffé avo révieu c’tes qu’étan endreumis. Totes les houres, y seubio, é les feunes v’nan avu l’ litre é tsoquon bevô son canon.

Pritié conte les huit houres du matan, nos parto mindzé la sope. Pi y r’partô tant qu’vé midi é d’mi, pe goûté. Y avo de bouilli, de polailles, de lapans… nos crevo pos d’fan.

 Y a des cops qu’y batto tant qu’à la né, api pu tord. Y s’é battu un cop tin qu’à man-né.

Tien que la soppe éto mindzé, y s’raconto des zistoires, api y tsantô ; y poyo deuré lontin. Solemin ,les machineurs r’commencin le land’man… preu zeus, y éto pos todze la neuce…

Y fallo vé éto tienque nos monto la machine pe les grappions, par eximple peu la montée de Tsi Cano ou peu la Rouée de Tsi Dzeugne…Y fasô de millards de pétards de….. (vos vailli ban ce que dze vou dère)… que n’éran po possé p’eune porte de grindze… Mé, y fô crâre qu’y sarvô… Les bus, les vatses, les tsevôs montin quosi un corrin. Pretô o qu’ y montô, y éto la man-me tsanson.

 Y avo sauvin de zistoires o de farces tienque nô battô. Y a un cop, le Dzan Marie à Siddi que s’ymgobéyô din les mantses de son coltin, se metti en colère. A disi :  « no po pou, te vo pieu me dzanné, te vo vé comme dze vé t’arrindzé ». A preni le coltin, metti lé du mantses su un piô, preni un hatson é crac, d’un cop, coppi lé du mantses… »comme cin, qu’a disi, te me dzannera pieu »

 Fo dère éto que y étô un spécaliste peu porté les tsarris de ballou avu le Victor u saroti. Meu d’un cop, y an tran-né des piârres avu le ballou… C’tu ballou ôl é ti lourd …

Peu porté la tsèvre, dans de v’llages, y éto le Cotian. Y en a ban qu’ l’an cognu. Peu les gamans, d’astour, la tsèvre, y é c’que sorto d’rri la battouze, l’ballou d’vant é le degran sortô peu l’couté. Mé vos y d ‘mandré à s’tos que m’nan la battouze.

 Otrevé y se fosô grô de farces. Tienque nos sârrô la lian à l’envé, en massonin, a ban, y éto quétsouse peu le delié su la battouze ; y fallô la coppé…y fayô dère de mots. Api éto tienque du dzarbes étin attatsi inssan… peu le levé, y feusô du breu. Y a arri des momints tienque les mondes savan un pou galoullé… qu’y seubiô tote lé quart d’houres…

 Ah ! y’éro ban enco d’autes zistoires…mé nos ne pou pos lé dère stu cop.

Tôt cintié peu vos dère, qu’otrevé, si nos travaillô son sô, nos savô éto s’ameusé sin fère de mau à pressonne . Y é ce que dze vos chouaite à teus.

 

 A s’revé é à l’an-née que van.

 

 R. de Tsi Dzeugne

 

 

 

 

  La batteuse

 

 

 Cette année, on a vu la machine à battre à Saint Clément de Vers. Cela, ne s’était pas fait depuis longtemps et personne ne pensait le revoir un jour. Les jeunes d’aujourd’hui ne savent plus ce que c’était…. Une chaudière qui fait marcher une batteuse, c’est quelque chose … Et ce n’est pas l’égreneuse à main…et encore moins le fléau…Ici, c’est la chaudière à vapeur. Bien sûr, c’est pénible, mais à la fin de la journée quand le grain est au grenier, tout le monde est bien content.

 On commençait avant l’aube pour allumer la chaudière et la faire monter en pression. Avant le travail, on débutait en mangeant un peu de lard et de fromage avec du pain, pour ceux qui faisaient les difficiles, il y avait de la confiture.

 Tout de suite après, le sifflet de la chaudière se faisait entendre…Parfois avant le jour.. Et la batteuse ronflait. Le café avait réveillé les endormis. Le sifflet, toutes les heures donnait le signal de la bouteille apportée par les femmes et chacun buvait son verre.

 Vers huit heures, on partait manger la soupe et le travail reprenait jusqu’au repas de midi : pot au feu avec carottes et pommes de terre, poules, lapins…On ne mourait pas de faim !

Parfois la batteuse tournait jusqu’à la nuit et plus tard encore ; une fois jusqu’à minuit. Après le souper, on racontait des histoires, on chantait quelquefois jusqu’à quatre heures du matin ! Mais les ouvriers recommençaient le lendemain ; pour ce n’était pas toujours la noce !

Il fallait aussi conduire batteuse et chaudière chez un autre paysan, transport difficile en parcours accidenté ; comme pour aller à Tsi Cano ou bien à la Rouée de Tsi Dzeugne …  çà jurait de tous les côtés….des millards de dious … ! qui n’auraient pu passer par une porte de grange !! Les bœufs, les vaches, les chevaux montaient presque en courant..Partout dans les montées, c’était la même chose.

 Il y avait souvent des histoires ou des farces pendant les battages. Une fois, le Jean-Marie qui secouait sans arrêt les manches de son coltin, s’était mis en colère : «  tu vas voir, tu ne vas plus me démanger, je vais bien t’arrêter !! » Il avait pris son coltin, il avait posé les deux manches sur le morceau de bois et d’un coup de hache les avaient coupées !! « comme çà, tu ne me piqueras plus !! » Il faut dire qu’il était spécialiste pour porter les tsaris d’ballou ( grande toile carré de chanvre ou de jute servant à transporter les balles de céréales) avec le Victor, l'ouvrier de la scierie. Plus d’une fois, ils ont traîné des pierres avec le ballou ; « ce ballou, qu’est-ce qu’il est lourd !! »

Pour porter « la chèvre » (débris de paille) dans les villages, c’était le travail du « Cotian ». Certains l’ont connu.Pour instruire les gamins de maintenant : la « chèvre » sort derrière la batteuse, le ballou devant, et le mauvais grain sur le côté. Vous pouvez aussi le demander à ceux qui conduisent la batteuse.

A la fin de la journée, les farces ne manquaient pas. Quand on serrait le lien de paille à l’envers en moissonnant, hé bien, il était difficile de le délier ; il fallait le couper ce qui provoquait quelques insultes. Et quand deux gerbes étaient attachées ensemble, au moment de les lever sur la batteuse, çà rouspétait ferme.. !! Parfois, aussi, quand on avait un peu trop fait la fête, la chaudière sifflait tous les quart d’heures…

Ah !, il y aurait encore bien d’autres histoires, mais on ne peut pas toutes les raconter aujourd’hui. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’autrefois, si on travaillait dur, on savait aussi s’amuser sans faire de mal à personne . C’est ce que je vous souhaite à tous.

Au revoir et à l’année prochaine.

 

  R. de Tsi Dzeugne ( traduction du « pays du tse » )

 

 

 

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