Su l'tas d'frisons
Sur le tas de copeaux
_T’y sé ti qu’le gâs u m’nusi va vouâ la feune du boutsi ?
_Sais-tu que le fils du menuisier est l’amant de la femme du boucher ?
_Ys’y di bin, ma fa…
_Tout le monde en parle…
_Eune si beule feune pe stu grand bredin, yé ben d’la confiteure à des cotsons !
_Une si belle femme pour cet imbécile ; l’amour est aveugle !
_Y va p’tète pas deuré…
_Cela ne va peut-être pas durer…
_ Y a des cops,y é li qu’vin vé le m’nusi !!
_Parfois, c’est elle qui vient chez le menuisier !
_Te crâ ?
_Tu crois ?
_Y en a qu’les an vu p’le feuron su l’tas d’frisons.
_On les a vus depuis la petite fenêtre sur le tas de copeaux.
_Al é bié tsansouse la feune du boutsi; ma, dzamé pressone m’a renvreussi su un tas d’frisons. Y éto toudze su l’arbe mo-yi, su les piârres o des cops min-me dans les épeunes.
_Elle en a bien de la chance la femme du boucher ; moi, personne ne m’a jamais renversé sur un tas de copeaux ! C’était toujours sur l’herbe mouillée, sur les cailloux ou parfois même dans les buissons.
_Davu les hommes yé bin sovan c’man san ; t’y sé bin !
_Avec les hommes, c’est souvent comme ça, tu le sais bien !
_Acueu-te vouâ ; dze va seûrment meûrri avan ta. Y m’fro piézi qu’te meûte quéques emboutées d’frisons u fond d’mes quate piantses !
_Ecoutes-moi ; je vais mourir la première de nous deux. Je serais heureuse que tu mettes quelques grosses poignées de copeaux au fond de mes “quatre planches” !!