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Ecrire le patois, une langue comme les autres
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  • Cherche contact avec les patois du sud de la Saône et Loire, du nord-ouest du Rhône et du nord-est de la Loire: Charolais, Brionnais, Haut Maconnais, Haut Beaujolais, Nord-Est Roannais...le pays du tse.... Michel Lapalus Contact : mlapalus@sfr.fr
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30 juin 2011

La dame biantse

 

Entre feux follets et clair de lune, entre fantasmes et folie la dame blanche se promène. Heureusement la dame blanche n’existe plus que dans les lieux-dits. Mais aujourd’hui le mélange du  réel et du virtuel semble n’avoir pas complètement disparu…

 

La dame biantse

 

 

« Tseufe vouâ ton frére qu’ô veune adzu ton pére »

« Ôl é pas premitié ; dz’l’é vu enrailli du coûté d’l’étang » 

« Qui quô va y fâre yôvé teus les sas »

« Ô dé qu’ô va acueuté la dame biantse »

« La dame biantse ! T’sé bin qu’pu presonne y cra à totes stés histouères. Ta qu’é sa sue t’porro bin un p’tion le trachioné, li dére qu’y è pu un gamin achteure. Si deure enco c’man san, ô va fini tot bredalot. Come que come, i fau t’a-ye le qu’ri »

 

I fa-yo quasi né quand la Dzane avo modé du coûté d’l’étang. Y éto pas qu’al se sento bié du coradze p’allé acueuté la dame biantse. Al éto tot d’min-me tsanssouze qu’ la leune li servo d’ creuzu. Su l’senti q’vire utor d’l’ étang, y avo pressone ; ni frére, ni dame biantse. Apeu, al avo r’monté tant qu’u ria qu’am’no l’éille dans l’étang. Al allo s’renv’ni quant al avo entendu son frére que causo tot su.

« Dze vin ! ! Dze vin ! ! »  qu’ô dio. Ma, y avo pressone ; pouan de dame biantse ! pouan d’frére. Al l’avo tseufé, tseufé. Ma ouatte, lu, ôl avo pas répondu. Lassi d’creuyi, la Dzane s’éto renv’ni p’y dére à sa mére. Qu’en avo causé davu l’pére.

« Dze va allé l’qu’ri, stu bredin. Epi stu cop, dze nen-meune le fuzi ! »

L’pére avo tseufé son gâ ; qu’avo pas pu répondu à lu qu’à sa sue. Ôl éto prés à s’renv’ni quant ôl avo vu la dame biantse. Y éto l’premi cop qu’ô po-yo l’avizé . La leune yamou d’dans le cieul, la leune dans l’éille nère, la dame biantse, la bise que boffo su l’éille, tot s’mélandzo. Pas rasseuré qu’ôl éto l’pére. Ô s’éto tot de min-me approtsi p’enco tseufé son gâ.

« Si t’é itié, revin ! !revin ! ! Y é ton pére. T’va t’na-yé. R’vin ! ! R’vin ! ! »Pressone ! Pressone !

La dame biantse martso su l’étang c’man su un ts’min. Ôl a mi dous cartoutses dans l’fuzi. Apeu, ôl a tiri su ste feune, enfin su s’que ressembyo à eune feune. Ran ! Ran d’ran. C’man si ôl avo tiri su la leune !

Y é dzeuste après l’cop d’fuzi qu’ol a vu son gâ. Ô s’enquillo à tsop’tion dans l’éille en martsan vés la dame biantse !!

 

 

 

 

La dame blanche

 

« Appelle ton frère, il faut qu’il vienne aider ton père. »

« Il n’est pas là ; je l’ai vu prendre le chemin de l’étang. »

« Qu’est-ce qu’il va faire là-bas tous les soirs. »

« Il dit qu’il va écouter la dame blanche. »

« La dame blanche ! Tu sais bien que plus personne ne croit à toutes ces histoires. Tu devrais un peu le secouer, toi, qui est sa sœur et lui dire qu’il n’est plus un gamin maintenant. S’il continue, il va en perdre la tête. Débrouilles-toi comme tu veux, mais il faut que tu ailles le chercher ! »

Il faisait presque nuit quand Jeanne avait pris le chemin de l’étang. Le courage lui manquait un peu pour aller écouter la dame blanche. Elle avait tout de même de la chance avec le clair de lune. Sur le chemin qui tourne autour de l’étang, il n’y avait personne ; ni frère, ni dame blanche. Elle avait tout de même remonté jusqu’au ruisseau qui alimentait l’étang. C’est juste au moment de rentrer qu’elle avait entendu son frère : « J’arrive ! J’arrive ! »

 

Mais, encore une fois, personne ; ni frère, ni dame blanche ! Elle l’avait appelé, appelé ! Pas de réponse…Fatigué de crier, Jeanne était rentré à la maison pour informer ses parents. C’est là que son père avait pris sa décision :

« Je vais le chercher, cet imbécile. Et cette fois, je prends mon fusil. »

Bien sûr le père avait appelé son fils ; sans résultat. Près d’abandonner, il aperçut pour la première fois la dame blanche. Le clair de lune, son reflet dans l’eau noire, le vent du nord qui activait des petites vagues ; une étrange danse devant ses yeux ! Le père n’était guère rassuré. Pourtant, il appela encore une fois : « Reviens ! Reviens ! C’est ton père. Tu vas te noyer ! Reviens ! Reviens ! » Mais son appel resta encore une fois sans réponse…

La dame blanche marchait sur l’eau comme on marche sur un chemin. Alors, il a mis deux cartouches dans le fusil et il a tiré sur ce fantôme. Pour rien, comme s’il avait tiré sur la lune. C’est juste à ce moment qu’il a vu son fils. Il s’enfonçait peu à peu dans l’eau en marchant vers la dame blanche….

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
M
En Franche-Comté la Dame Blanche céde la place à la Vouivre de Marcel Aymé. Mais la fascination reste la même.
O
Excellente histoire, si davantage de gens s'intéressaient au patois ce serait un sujet permettant d'écrire plusieurs histoires, très différentes, et se déroulant à différentes époques, disons du Moyen-Age à nos jours.<br /> En tous cas, bravo pour ce récit.
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