Les deux mulets
Petite traduction d’une fable de La Fontaine. Et sa conclusion : Putôt à l’ombraille que trop u solé… ! Plutôt à l’ombre que trop au soleil, c’est à dire Plutôt modeste que prétentieux… !
Une version très ancienne s’intitulait “D’un biau cheval et d’un âne pel” (pelé, gâleux)
Les deux mulets
Deux mulets cheminaient, l’un d’avoine chargé
L’autre portant l’argent de la gabelle.
Celui-ci, glorieux d’une charge si belle,
N’eût voulu pour beaucoup en être soulagé.
Il marchait d’un pas relevé,
Et faisait sonner sa sonnette ;
Quand l’ennemi se présentant,
Comme il en voulait à l’argent,
Sur le mulet du fisc une troupe se jette,
Le saisit au frein, et l’arrête.
Le mulet en se défendant, se sent percé de coups ; il gémit, il soupire.
« Est-ce donc là, dit-il, ce qu’on m’avait promis ?
Ce mulet qui me suis, du danger se retire ;
Et moi, j’y tombe et je péris !
_Ami, lui dit son camarade,
Il n’est pas toujours bon d’avoir un haut emploi ;
Si tu n’avais servi qu’un meunier comme moi,
Tu ne serais pas si malade. »
Le ts’vau apeu le baude
Un ts’vau porto les sous des impôts
Un baude éto tsardzi d’avouin-ne.
Le premi, c’man un pol su son feumi
Se r’dreusso, en avizan dreu d’vant lu,
Tot en fayan tinté ses grelots.
Ma, v’la eune bande d’arcandiés
Qu’en volan à son magot ;
Le temps d’y dère, le ts’vau s’arreute.
Pas possib-ye d’se r’viri ;
So les cos, ô tsé tant qu’à bas…
« Me v’la quaziman à crâ,
Y é pas s’qu’i m’avin promi,
Dze su le viau qu’s’en va vé l’boutsi. »
« Mon poure ts’vau, te v’la bié enfeurdzi,
Y é pas p’les ritses qu’i fau travailli.
Si t’avo tsarayi l’avouin-ne du mouni,
Te s’ro pas itié aprés meûrri ! »
Un ts’vau---un cheval
Un baude---un âne, un mulet, une bourrique
Un pol su son feumi---un coq sur son fumier
Arcandié---vaurien, bandit
Quaziman à crâ---presque fichu, en mauvais état
Viau---veau
Boutsi---boucher
S’enfeurdzi---se mettre en mauvaise situation
Tsarayi---transporté
Aprés meûrri---en train de mourir